Prédicateur : Fr Christian-Marie DONET O.P.
« Noël, c’est une fête de famille ! » C’est ce que j’ai entendu souvent depuis bien des années ; ou alors une variante « Noël, c’est en famille, le nouvel an, avec les copains… »
Il me semble que cette année, Noël a repris d’une manière toute spéciale sa dimension de fête familiale. Toutes les dispositions prises par les pouvoirs publics sont allées dans cette direction. Il fallait permettre aux familles de se réunir pour Noël. Bien sûr, il y aura des conditions, on ne peut pas faire tout à fait n’importe quoi, mais il faut permettre un regroupement familial à Noël et interdire le réveillon du nouvel an.
Je suis étonné de voir combien, il a semblé plus impopulaire d’empêcher de se retrouver à Noël plutôt que d’interdire des rassemblements de St Sylvestre. Est-ce qu’inconsciemment nos dirigeants ne favorisent pas les liens familiaux ? On a beaucoup décrié la politique familiale de ces dernières années, (souvent à juste titre), mais je vois un signe providentiel dans ces mesures pour « sauver Noël » comme j’ai pu le voir en gros titre d’un journal.
Et curieusement, j’ai l’impression que l’esprit de Noël a été retrouvé. Je m’explique. Pour faire face aux réglementations et recommandations gouvernementales, chacun a dû s’adapter. Qui se réunissant coûte que coûte, même en dépassant allègrement la norme des 6 personnes ; qui séparant les aînés des plus jeunes ; qui isolant grand’mère et grand père… En fait, tous ont fait jouer le système D, et je crois que c’est un peu ce qui a dû se passer, il y a 2000 ans, dans cette petite bourgade de Bethléem. Il a fallu se débrouiller, s’organiser pour trouver un lieu tranquille pour ce jeune couple et surtout pour que cette jeune parturiente puisse avoir un coin à l’écart pour donner naissance à son enfant. DIEU s’adapte aux circonstances humaines.
Providentiellement, en voulant sauver Noël, nous avons redonné une place de choix à cet évènement de la naissance du Sauveur. DIEU est toujours à l’œuvre dans notre temps.
En ce dimanche, nous fêtons la Sainte Famille, et les textes de la liturgie ne s’étendent pas beaucoup sur cette famille. Ceux qui nous sont donnés à voir sont plutôt des personnes âgées, des vieillards aux portes de la mort, mais porteur d’une promesse d’avenir.
Abraham et Sarah deviennent parents, malgré la stérilité et l’âge dépassé de la possible fécondité. Mais DIEU leur promet un fils en récompense de leur foi. Syméon, qui a placé son espérance en cette promesse de ne pas mourir avant d’avoir vu le Sauveur et qui est exaucé. Et Anne, qui par sa proximité avec DIEU dans le service du Temple, parvient à proclamer la puissance de ce nouveau-né. Chacun de ces vieillards est un témoin de sa foi en DIEU et son action dans la vie, même face aux menaces de la mort.
J’ai été surpris de voir qu’en ce jour, ce sont ces personnages qui sont donnés en exemple pour fêter la Sainte Famille. Le rôle de Syméon et Anne fut de faire connaitre ce que sera cet enfant que ses parents présentent au Temple pour le consacré à DIEU. Permettez-moi de voir un autre signe providentiel pour notre temps. Nos dirigeants ont pris des mesures pour permettre de protéger, de sauvegarder la vie des plus âgés d’entre nous. Cela ne serait-il pas un signe qu’il faut préserver la mémoire, qu’il faut maintenir la présence de celles et ceux qui peuvent transmettre ?
Je m’adresse aux plus anciens d’entre nous, souvenez-vous de ce Noël, si particulier, unique même ; et n’oubliez pas votre mission de transmission. Cette année, vous avez une opportunité de dire à tous ceux qui attendent leur délivrance. Parlez de cet enfant et proclamez les louanges de DIEU. Amen.