On en a tous rêvé !

Homélie du troisième dimanche de l’Avent A par le frère Christian-Marie Donet

On en a tous rêvé ! On l’a tous plus ou moins secrètement désiré. On le souhaite plus ou moins consciemment. N’y a-t-il pas au cœur de chaque être humain ce désir ? Qu’on peut dénoncer comme un vœu pieux ou comme une utopie. Si un jour, les aveugles voyaient, si les sourds entendaient, si les handicapés quittaient leur fauteuil ou leur lit, s’il n’y avait plus de maladies, plus de douleurs, plus de souffrances, plus de faim, plus de guerre, plus de …. Si les prophéties étaient enfin réalisées. Et le beau rêve peut tourner au cauchemar ou au moins au désespoir !

Isaïe annonçait la venue du Seigneur, qui apporterait des temps meilleurs, le psalmiste en rajoute pour maintenir l’espérance en rappelant tout ce que fait le Seigneur. On peut même dire que cette venue du Seigneur s’est déjà réalisée, voilà deux milles ans dans une crèche de Bethléem. Et pourtant beaucoup ont l’impression que rien n’a changé, que rien ne se passe, que rien ne changera ! L’apôtre Jacques est bien gentil d’inviter à la patience mais combien de nos contemporains ne poseraient pas la question comme Jean Baptiste : « Es-tu celui qui dois venir ou devons-nous en attendre un autre ? »

Certains ont perdu confiance, ou par ignorance se tournent vers des propositions toutes humaines, ils mettent leur espoir dans des solutions scientifiques qui peuvent aller jusqu’à des idéologies de l’homme augmenté ou du transhumanisme. Et pourtant les progrès de la science et de la médecine sont nécessaires. Il y a deux jours, un frère me racontait que sa belle-sœur avait subi une importante opération cardiaque. Les médecins lui ont avoué après l’intervention réussie, qu’il y a quatre ans ils n’auraient rien pu faire pour régler son problème de valvule. Merci Seigneur pour cette évolution.

Mais les signes qui nous sont donnés dans la Sainte Ecriture : les aveugles retrouvent la vue, les sourds entendent, les lépreux purifiés, les morts qui ressuscitent, la bonne Nouvelle annoncée aux pauvres — sont l’expression de la manifestation de la présence du Seigneur. On entend souvent dire : « S’il y avait un dieu, il n’y aurait pas tant de malheurs ! » Il nous aussi difficile de reconnaitre que nous ne laissons pas forcément la place pour que Dieu se rende présent et puisse agir.

Et c’est bien le sens du temps de l’Avent que l’Eglise nous propose chaque année. Un temps pour creuser en nous, dans l’attente, le désir de la présence de Dieu, celui qui seul est sauveur. Et Jean Baptiste, nous est donné comme modèle : le messager envoyé en avant, pour préparer le chemin. Qu’a-t-il fait sinon parler, alerter, avertir que le Seigneur est tout proche. Et nous comment pouvons-nous faire puisque nous sommes aujourd’hui les envoyés, les prophètes que nous sommes devenus au jour de notre baptême. Comme nous sommes tout près de la fin de l’année de la Miséricorde, j’ai pensé que cet exercice de sainte Faustine pourrait nous aider. « C’est toi qui m’ordonne de m’exercer aux trois degrés de la Miséricorde : le premier : l’acte miséricordieux quel qu’il soit, le second : la parole miséricordieuse, si je ne puis aider par l’action, j’aiderai par l’action, le troisième c’est la prière, si je ne peux aider ni par l’action, ni par la parole, je le pourrai toujours par la prière. J’envoie ma prière là où je ne puis aller physiquement. Ô mon Jésus transforme moi en toi, car tu peux tout. »

Nous sommes appelés à être la présence du Seigneur, qu’il nous aide par sa présence en nous à témoigner au cœur du monde.

Amen