Homélie Fête de la Sainte Face. 25 février 2020. P. Christian-Marie o.p., recteur

Psaume 68, 8.10.14.30-31.33-34
C’est pour toi que j’endure l’insulte, que la honte me couvre le visage :
L’amour de ta maison m’a perdu ; on t’insulte, et l’insulte retombe sur moi.
Et moi, je te prie, Seigneur : c’est l’heure de ta grâce ; dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi, par ta vérité sauve-moi.
Et moi, humilié, meurtri, que ton salut, Dieu, me redresse.
Et je louerai le nom de Dieu par un cantique, je vais le magnifier, lui rendre grâce.
Les pauvres l’ont vu, ils sont en fête : « Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu ! »
Car le Seigneur écoute les humbles, il n’oublie pas les siens emprisonnés.

Homélie .

Cette nuit, Dieu m’a parlé, et j’espère qu’il vous parlera à vous aussi maintenant ! Dieu m’a parlé dans ce psaume que nous venons de chanter. Je l’ai reçu comme un dialogue. Habituellement on conçoit les psaumes comme une prière. La prière que le peuple de Dieu fait monter vers son Seigneur. Jésus lui-même a chanté les psaumes. Mais les psaumes sont Parole de Dieu et à travers eux, Dieu me parle, Dieu nous parle !
Je vous invite à regarder la Sainte Face – et écoutez.

« C’est pour toi que j’endure l’insulte, que la honte me couvre le visage : l’amour de ta maison m’a perdu ; on t’insulte et l’insulte retombe sur moi. » C’est l’homme au visage défiguré, portant la trace des crachats, la marque des coups, fermant les yeux en signe d’humilité qui nous dit et nous redit à chacun et chacune d’entre nous : c’est pour toi que j’endure l’insulte. Quelle déclaration ! La honte couvre mon visage pour qu’elle ne soit plus sur le tien. La honte couvre mon visage pour que le tien rayonne de joie, pour que tu puisses à nouveau te regarder dans le miroir et te voir comme je te vois avec les yeux de l’amour. « Je t’aime et tu as du prix à mes yeux ! »
L’amour de ta maison m’a perdu ! Cette maison, c’est d’abord ton corps, ta personne, ta vie, ce que tu fais mais surtout ce que tu es. Cette maison, je l’aime et je me donne pour elle, pour te restaurer je me perds moi-même. Je donne tout pour toi.

Ta maison c’est aussi le lieu où tu habites, ta famille, ton époux, ton épouse, tes enfants, tes petits-enfants et plus largement tes neveux et nièces, oncles et tantes, tes amis, tes voisins. Ta maison, c’est le lieu de ton travail, de ton apostolat, de tes loisirs, de tes hospitalisations, de tes douleurs de tes joies. Tous ces gens, ces lieux, ces moments, je les aime et je me donne pour eux.

Ta maison c’est aussi ton pays, ton Église, ta communauté, ta ville et le monde entier. Tous ceux-là, je les aime et je me donne pour eux !
Ta maison c’est aussi le lieu de tes regrets ou de tes projets, de tes chutes et de tes relèvements, de tes doutes et de tes peurs. Dans tous les lieux où on t’insulte, où tu te sens menacé, incompris, en insécurité, où tu perds pied. L’insulte retombe sur moi. Je suis si près de toi dans tous ces moments que l’insulte retombe sur moi.
L’amour de ta maison me conduit à ma perte mais c’est pour mieux te retrouver, toi, qui t’es perdu en quittant la face de Dieu, toi qui te cache devant Dieu qui te cherche.
Alors nous répondons : « Et moi, je te prie Seigneur : c’est l’heure de ta grâce. Dans ton grand amour, Dieu, répond-moi, par ta vérité sauve-moi. » Oui, Seigneur dans tous ces moments, ta grâce peut agir. Oui Seigneur, c’est lorsque tu te perds pour l’amour de ma maison que ta grâce agit, que tu
nous sauves. Mais tu le sais bien, je suis faible, pauvre, si sensible, alors répond-moi, j’ai besoin d’un signe. Quand je suis meurtri, humilié, Seigneur sauve moi ! Seigneur montre-nous ton visage et nous serons sauvés ! Les pauvres l’ont vu, ils sont en fête. Voilà la réponse ! « Vie et joie, à vous qui chercher Dieu ! » Le Christ en souffrant pour nous, nous redonne la vie et le bonheur que nous avions perdu. Il ne s’agit pas de retourner à un paradis perdu, un lieu idyllique dont nous gardons la nostalgie. Nous ne pouvons pas revenir en arrière, c’est une fausse route et une mauvaise stratégie. Il nous faut chercher Dieu et son Royaume. Revenons devant la Face de Dieu, et nous retrouverons la joie et la paix. Amenons-y tous ceux de notre maison, si ce n’est physiquement, au moins par la prière. N’oublie pas Seigneur tu aimes ceux de ma maison. Alors comme le disait notre père saint Dominique :

« Allons de l’avant et pensons à notre Sauveur ! » Amen.