Dimanche de la Divine Miséricorde. Homélie 2e dimanche de Pâques.

par le P. Jean-Didier Boudet

Comment chemine la foi ? Fonctionne-t-elle de manière linéaire ou connaît-elle des hauts et des bas, des certitudes et des doutes, des lumières et des ombres ?
La progression de la foi de Thomas est éclairante à ce sujet. Paradoxalement, Thomas est un bel exemple du croyant sincère. En effet, la foi n’est jamais aussi sincère, aussi solide que lorsqu’ elle a surmonté le doute. Il n’y a pas de foi chrétienne qui ne passe par l’hésitation et le doute. Une foi sans questions, sans interrogations risque en effet de sombrer dans ce qu’on appelle le « fidéisme », c’est-à-dire, je n’y comprends rien mais j’y crois quand même ou j’aime mieux ne pas trop réfléchir.
Le doute n’est pas incompatible avec la foi ; avoir la foi, c’est avoir assez de lumière pour porter ses doutes. C’est rentrer dans une confiance et une vigilance, confiance au Christ qui nous enseigne par son Esprit, vigilance pour nous ouvrir à cet Esprit qui sans cesse interroge notre propre foi.La foi, ce n’est pas d’abord croire à des vérités, même si c’est aussi cela. C’est d’abord rencontrer le Christ et avoir un coup de foudre pour lui et, ensuite, désirer constamment nous trouver avec lui, soupirer quand il disparaît ou que nous, nous nous éloignons de lui, désirer de tout notre être le retrouver, goûter sans cesse à la douceur et à la force de son amour et essayer de le lui rendre un peu. La foi, c’est rien d’autre qu’une histoire d’amour jamais achevée, toujours recommencé, éternellement écrite dans le cœur de l’autre.
C’est cela la chose la plus importante qui s’est passée dans cette rencontre du Christ avec Thomas.
Parmi les disciples, il est la figure la plus proche de nous. Il s’appelle Didyme, « le jumeau ». En fait n’est-il pas notre jumeau ? Thomas ? Une belle figure, pleine de générosité et du désir de suivre le Christ. Souvenons-nous. Quand les disciples ont appris la mort de Lazare et que Jésus décide d’aller le visiter, Thomas dit : « Allons-nous aussi et mourrons avec lui » (Jn 11, 16). Ne sommes-nous pas, nous aussi, des Thomas ?
Aujourd’hui Thomas ne veut pas croire que Jésus est ressuscité, il ne peut pas croire tant qu’il n’aura touché Jésus bien vivant avec toutes ses blessures, tant qu’il n’aura pas vu des signes. Et le Seigneur le lui donne en lui présentant ses plaies, tout particulièrement son côté ouvert : « Cesse d’être incrédule, sois croyant ! » Thomas peut alors accueillir la grâce et prononcer dans l’Esprit la plus belle confession de foi des Évangiles : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ».
A nous aussi, il nous faut du temps pour accueillir la paix du ressuscité, pour reconnaître en Jésus le Dieu de toute vie. Demandons-lui de nous apprendre à le reconnaître aujourd’hui dans nos obscurités, demandons lui de tracer dans nos cœurs des chemins de vie et de bonheur, pour nous, pour nos frères et nos sœurs auprès de qui il nous envoie pour être témoin de sa miséricorde, d’être miséricordieux comme lui, comme son Père.